SocialEnergie News – Précarité hydrique : une tempête dans un verre d’eau? [Mars 2017]

La réponse coule de source et pourtant, en 2016, 862 ménages bruxellois ont été privés d’eau courante (contre 591 l’année précédente).
On nous dira, certes, que l’eau qui abreuve – celle sans laquelle nous ne pourrions exister – ne compte que pour quelques pourcents de la consommation des ménages. Mais à quoi ressemblerait donc la vie sans l’eau qui lave et qui purifie? J’appelle tous ceux qui n’y ont pas encore réfléchi, à s’immerger dans cette réalité: fermons les vannes le temps d’une journée! L’homme moderne survivra-t-il sans toilettes, sans douche et sans évier? À quelle aridité seront ainsi soumises notre dignité et nos conditions de vie?
Loin des abysses de la coupure, la précarité hydrique procède d’abord de l’impossibilité – sociale autant que vitale – d’une privation complète. Comment réagirions-nous à une facture d’eau que nous ne pouvons assumer? Sombrerions-nous dans l’endettement? Verserions-nous plutôt progressivement de la parcimonie à la privation? Sinon, quelle autre dépense allons-nous encore comprimer?

Lorsque le Centre d’Appui SocialEnergie a commencé à s’intéresser à la précarité hydrique, trois évidences se sont imposées:

1. l’état des connaissances sur le sujet est encore très limité,
davantage par exemple que pour la précarité énergétique;
2. la précarité hydrique ne se limite pas à la situation de ceux qui sont menacés de coupure;
3. l’évolution actuelle des politiques de l’eau n’est pas un long fleuve tranquille et charrie une multitude de nouveaux enjeux
de justice sociale, d’accès, de coût, etc.

Cette publication fait le point sur le concept encore trouble de précarité hydrique; elle expose les principaux leviers des travailleurs sociaux face à cette problématique et explore les enjeux actuels des politiques
de l’eau.

François Grevisse,
Coordinateur du Centre d’Appui SocialEnergie